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Dans les brillants salons on railla le bon sire
(Je parle du mari) ; perfides jusqu’au bout,
Les femmes le plaignaient, disant : « C’est mal d’en rire. »
Bref, ces grands déshonneurs furent d’un haut ragoût.

Tandis que la gentry, friande de scandales,
Se racontait ainsi l’événement du jour,
Loin des amis jaloux et des beautés rivales,
Nos amants se juraient un éternel amour.




La petite maison se cache sous les branches.
C’est un nid d’amoureux, frais, coquet, parfumé ;
Sur ses murs le jasmin grimpe avec les pervenches
Et les liserons blancs, quand vient le mois de mai.

Dès l’aube, en souriant le soleil la salue,
Et les oiseaux jaseurs nichés dans les buissons,
De l’astre aux rayons d’or annoncent la venue,
Par des trémoussements d’ailes et des chansons.

Point d’usine bruyante ici, point d’industries ;
A l’entour tout est calme, et l’œil peut contempler
Un horizon sans fin de campagnes fleuries,
Que des troupeaux errants parfois viennent peupler.

Au dedans la maison est une bonbonnière
En style Pompadour ; les décors de Boucher
N’ont point encor perdu leur grâce printanière,
Un temple de l’Amour sert de chambre à coucher.