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DÉMÉTRIUS, à voix basse.

Oui !… Reconnais les dieux dont la main tutélaire
M’arrache à mes bourreaux et me rend à mon père !

(Il l’embrasse.)
NICANOR, avec l’accès de la joie.

Ah !… je n’en doute plus, mon prince est dans mes bras !

DÉMÉTRIUS, regardant autour de lui.

Réprime ces transports et ne me trahis pas !

(Le reste de la scène est parlé à demi-voix.)

La reine est au conseil ; mais sa garde cruelle
Veille près de ces lieux et sur nous et sur elle.

NICANOR.

Ô mon roi ! vous vivez ?… Du traître Pharasmin
La reine contre vous avait armé la main !

DÉMÉTRIUS.

Ton fils de ce barbare a trompé la furie.

NICANOR.

Mon fils sauva vos jours ?

DÉMÉTRIUS.

Mon fils sauva vos jours ? Aux dépens de sa vie !…
Écoute. Las de vivre esclave des Romains,
Informé qu’en secret de sacriléges mains
Avaient frappé mon roi pour couronner mon frère,
Résolu de venger le trépas de mon père,
Fier de punir l’auteur d’un sil lâche attentat,
Je réclame mes droits et l’appui du sénat.
Il flatte mon espoir, il diffère, il m’abuse.
« Mon épée obtiendra ce que Rome refuse ! »
M’écriai-je. Indigné des maux que j’ai soufferts
Je demande vengeance ; on me donne des fers !…