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Je parus à ses yeux ; et la même journée
Vit terminer la guerre et fixer l’hyménée !…
Le roi, captif heureux, enchaîné dans ma cour,
Oubliant son empire, écoutait son amour.
Antiochus naquit : élevé loin d’un frère,
Seul il fut l’espérance et l’orgueil de sa mère.
J’exigeai pour mon fils le serment solennel
De ceindre un jour son front du bandeau paternel.
Le roi promit : son cœur démentant sa promesse,
Au fils d’une autre épouse il garda sa tendresse.
Le traître, m’abusant par des prétextes vains,
Songeait à rappeler l’otage des Romains !

(Avec fureur.)

Si je n’eusse prévu sa volonté secrète,
De reine que je suis, je devenais sujette !
J’aurais vu, dans ces lieux, mon fils infortuné,
Arraché de mes bras, proscrit, assassiné !
Pour conserver le fils, je dus perdre le père.
Pardonnez mon forfait, dieux vengeurs, j’étais mère !…

(Parcourant l’avant-scène.)

Je sais que sous mes lois, inquiet, abattu,
En secret déplorant ton antique vertu,
Peuple ingrat ! tu maudis, en déguisant ta rage,
Ma main qui te façonne au joug de l’esclavage.
Tu m’oses demander encor Démétrius.
Tu l’attends : vain espoir ! ton idole n’est plus !

HÉLIODORE.

Déjà de son trépas la cour est informée.

LAODICE.

Que la voix des hérauts en instruise l’armée…

(Avec fermeté.)

Je puis enfin briser les fers de Nicanor !