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À mes justes désirs si vous n’applaudissez,
J’ai dit ma volonté : je règne, obéissez !

ANTIOCHUS.

Les dieux vous ont donné l’empire de l’Asie.
Fils sans ambition, sujet sans jalousie,
Je suis loin d’envier le rang où je vous voi.
Vous plaire est mon bonheur, vous servir est ma loi.
Mais vous me proclamez héritier de l’empire,
Vous m’offrez Stratonice, et mon frère respire !
Pour elle la pitié parle seule à mon cœur.
Puis-je aimer une épouse où je vois une sœur ?
Puis-je, en serrant les nœuds d’un hymen si funeste,
Priver Démétrius du seul bien qui lui reste ?…

(Avec fermeté.)

Non, reine ! je dis plus, je suis fier d’avouer
Un intérêt sacré dont je dois me louer.
Vous m’avez daigné rendre une sœur qui m’est chère ;
À ses désirs, aux miens, rendez aussi son père !

LAODICE.

Qui ? Nicanor ? mon fils, que me proposez-vous ?
La grâce d’un ingrat ?

ANTIOCHUS, tombant aux pieds de la reine.

La grâce d’un ingrat ? Je l’implore à genoux !
Ah ! quand votre bonté pardonne à sa famille,
Quand vous daignez offrir la couronne à sa fille,
Prenez, prenez pitié des maux qu’il a soufferts.
Qu’enfin sa liberté…

LAODICE.

Qu’enfin sa liberté… Qui ? moi ! briser ses fers ?

ANTIOCHUS, se levant, avec courage.

Ah ! Madame !… à mon zèle au moins rendez justice.
Quand par votre ordre ici j’ai conduit Stratonice,