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Cet ordre est le dernier… Va, n’y sois pas rebelle ;
Obéis… près de toi, la mort serait trop belle !

Aux pleurs de Théora, se laissant attendir,
Paulus désespéré s’eloigna pour mourir.
Ô présage effrayant ! Par la foudre abattue,
À ses pieds d’Apollon vient tomber la statue.
De sa chute l’enceinte à peine retentit^
Qu’en un sable de feu l’idole s’engloutit.
Déjà redescendaient les nuages funèbres ;
Le temple du Soleil s’emplissait de ténèbres.
Paulus vers Théora se tournant au hasard
Lui demandait encore un impuissant regard ;
Théora de Paulus cherchait en vain les armes :
La cendre dans leurs yeux venait sécher les larmes ;
L’air embrasait leur sein ; ils n’osaient respirer ;
Leurs lèvres en parlant semblaient se déchirer.
Mais en vain du volcan le souffle les dévore
Ne pouvant plus se voir ils s’appellent encore ;
Et Paulus, affrontant le dieu prêt à punir
Vers la prêtresse encor cherchait à revenir.

« Théora^ disait-il, hâte-toi de descendre,
Viens ; déjà le parvis est caché sous la cendre
Les degres de l’autel seront lents à couvrir.
Malheureuse, après moi, tu vas longtemps souffrir !
Déjà mon front s’abat sous Fardente poussière !
Je succombe… ô douleur !… tu mourras la dernière !

— Rassure-toi… Je sens approcher le trépas,
Paulus… Adieu !…! dit-elle. — Il ne répondit pas.

Ce silence d’horreur, Théora sut l’entendre ;
Pour elle seule, hélas ! la mort se fit attendre.