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Mais de tes jeunes sœurs ne te fais pas attendre :
Suis-moi ; viens arracher ta mère au désespoir !.. .
— Sans-toi, dît Théora, j’aurais pu les revoir !…

— Ai-je donc mérité ce reproche barbare ?
Qui te l’inspire ? ~ Helas ! le dieu quinons sépare !
— Si tes vœux sont à lui, pourquoi le redouter ?
Viens, fuyons I… — Non, dit-elle, ici je dois rester ;
 Rien ne peut me soustraire à la fureur suprême »
Le dieu lit dans mon cceur.. . U faut mourir. .. Je t’aime !

— Qu’entends-je !…Théora, tu m’aimes !… heureux jour !
Je rends grâce au fléau qui m’apprend ton amour !
Tu m’aimes !… de l’oubli je puis braver l’outrage.
Que Rome et ses guerriers accusent mon courage,
Qu’aux Germains, sans Paulus, le combat sent livré !
Avec toi, je préfere un trépas ignoré,
Et dédaignant l’orgueil d’une illustre mémoire,
Je te donne ma mort que réclamait la gloire ! »
A ces mots, affrontant un ordre solennel,
Paulus ose franchir les marches de l’autel ;
Et tombant à genoux dans sa profane ivresse.
Oubliant Apollon aux pieds de sa prêtresse.
De mourir avec elle implore la faveur.
Comme la piété, l’amour a sa ferveur.
Et plus d’un jeune amant, près d’une temme altière,
A vu le roi des dieux jaloux de sa prière !

Mais la terreur l’emporte, et l’amour prie en vain.
Cherchant à le soustraire au châtiment divin,
« Éloigne-toi, Paulus, dit la vierge inspirée,
Seule, je dois mourir dans l’enceinte sacrée :
Il ne faut pas qu’un jour, en decouvrant ces lieux,
Le soupçon des mortels fletrisse nos adieux.