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Le sanctuaire s’ouvre, et la voûte murmure.
C’est Paulus !… Un éclair a montré son armure.
C’est ce jeune vainqueur, le plus fier des guerriers.
Que la veille sa main couronna de lauriers ;
Théora, devançant la Muse de l’histoire.
Sur sa lyre a chanté sa dernière victoire.



« Fuis ! dit-elle en tremblant, Paulus, fuis de ces lieux ;
Ici, par ton aspect, n’irrite pas les dieux.
Vois, tous sont conjurés pour nous réduire en poudre,
Et le feu des enfers va rejoindre la foudre !


— Moi, te fuir quand le Ciel met tes jours en danger !
Viens, hâtons-nous, Pallas saura nous protéger ;
Le destin le permet, et pour moi tu peux vivre.
Viens, de tes chastes vœux le fléau te délivre !


« Que dis-tu, malheureux ! Quel dieu viens-tu braver ?
Cache-moi ton amour si tu veux me sauver.
« Sais-tu que d’Apollon la faveur est cruelle ?
Il nous défend l’amour que son fou nous révèle ;
Pour celle qu’il inspire il n’est point de secret :
Sa gloire est un exil, sa vie un long regret.
Malheur à qui reçut la science divine :
L’espoir est inconnu de Fâme qui devine ;
Aimer est son remords, savoir est son tourment,
Et l’inspiration devient son châtiment.
Fuis ! ou de ton amour tu me verras punie ;
Le plus jaloux des dieux est le dieu du Génie !


— Eh bien ! si lu le veux, sois fidele à sa loi ;
Que son courroux t’épargne, et ne frappe que moi.
Dans Rome^ à ses autels, je promets de te rendre,