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Au milieu des clameurs, des plaintes étouffées.
Hennissait un coursier qu’on chargeait de trophées.
Des acteurs s’échappaient du théâtre^ et l’un d’eux
Cachait encor sa peur sous son masque hideux.
Des femmes se couvraient de parures futiles ;
Un vieillard emportait ses Lares inutiles.
Un jeune homme, quittant ses palais opulents.
Couvert d’habits de deuil, emportait à pas lents.
Cédant moins au danger qu*à sa douleur amère.
L’urne qui renfermait les cendres de sa mère ;
Tandis qu’un orphelin, dès longtemps sans appui,
Malheureux de n’avoir à trembler que pour lui,
Et jaloux de cacher son effroi solitaire.
Aidait une inconnue à sauver son vieux père,
nusieurs disparaissaient sous la cendre engloutis :
Les uns, par la douleur, la cramie anéantis.
Voyaient sous les rochers leur demeure écrasée ;
D’autres, que poursuivait l’avalanche embrasée.
Cherchant à l’éviter par un dernier effort.
Recevaient à la fois et la tombe et la mort.


Prêtresse d’Apollon, dans ce commun délire,
Théora ne sauvait que son voile et sa lyre.
À délaisser l’autel et la divinité
La fille d’Arius a longtemps hésité.
Mais la voix de ses sœurs, au temple parvenue.
Cette voix qui la nomme et qu’elle a reconnue,
Enfin a triomphé de ses pieux combats.
Déjà, loin du portique, elle hâte ses pas.
D’où vient que tout à coup sa marche est suspendue ?
Dans l’enceinte sacrée elle rentre éperdue.
Quel effroi la ramène à l’abri de l’autel ?
Le temple a retenti des accents d’un mortel.