Page:Delphine de Girardin - Poésies complètes - 1856.djvu/82

Cette page n’a pas encore été corrigée

De son sein écumeux lave qui surgit
Sans cesse découlant des sources du cratère
D’un déluge de feu vient menacer la terre ;
Tantôt, reptile affreux, rampe autour d’un rocher,
Entraîne l’arbre en fleurs qu’elle vient de toucher ;
Tantôt, précipitant sa marche sourde et lente
Va tomber dans la mer en cascade sanglante.
Alors, torrent fougueux dans sa course arrêté,
Elle repousse au loin l’Océan révolté,
Et vers lui s’avançant comme une vague énorme,
Pour triompher des flots, semble avoir pris leur forme.


À l’ordre des Enfers les vents ont obéi :
Ils ont porté la cendre aux murs de Pompéi.
Lancés par le volcan, sur la ville imprudente
Les rochers retombaient comme une grêle ardente.
Chacun fuit, emportant de ce séjour d’horreur
L’objet que le premier a nommé sa terreur.
Pour un fils une mère abandonne sa fille ;
L’autre, n’osant choisir, meurt avec sa famille.
L’avare succombait sous une masse d’or.
Maudissant le fléau qui montrait son trésor.
Ici, de Phidias un successeur habile
Essayait d’emporter, malgré son bras débile.
Le chef-d’œuvre nouveau qu’il venait d’achever.
Et que tous ses efforts ne pouvaient soulever.
Plus loin, de Cicéron un affranchi fidèle
Du plus puissant des arts veut sauver un modèle :
Des talents de son maître il devine le prix.
Parmi tous ses trésors, il choisit ses écrits.
Et fuyant le portique au feuillage d’acanthe.
Où jadis retentit cette voix éloquente.
Il croit à Cicéron payer sa liberté
En gardant son génie à la postérité.