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L’ORAGE


« Oh ! dites-moi pourquoi, ma mère,
Je souffre depuis ce matin ?
Pourquoi je ne suis plus légère ?
Pourquoi j’ai dormi dans mon bain ?

Pourquoi mon aiguille résiste
Sous mes doigts faibles et brûlants ?
Et pourquoi je me sens si triste ?
Pourquoi mes pas sont si tremblants ?

— C’est l’orage, ma pauvre fille,
Qui t’inspire ce vague effroi,
Qui rouille en tes doigts ton aiguille,
Qui te rend triste auprès de moi.

Ne vois-tu pas ce gros nuage
Qui marche et s’avance vers nous ?
Allons, laisse là ton ouvrage,
Et viens dormir sur mes genoux. »

Elle obéit… elle sommeille ;
L’orage ébranle la maison ;
Mais quand sa mère la réveille,
Le soleil brille à l’horizon.