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OURIKA

élégie
dédiée à madame la duchesse de dumas


Vous dont le cœur s’épuise en regrets superflus,
Oh ! ne vous plaignez pas, vous que l’on n’aime plus !
Du triomphe d’un jour votre douleur s’honore ;
Et celle qu’on aima peut être aimée encore.

Moi, dont l’exil ne doit jamais finir,
Seule dans le passé, seule dans l’avenir,
Traînant le poids de ma longue souffrance,
Pour m’aider à passer des jours sans espérance,
Je n’ai pas même un souvenir.

À mon pays dès le berceau ravie,
D’une mère jamais je n’ai chéri la loi ;
La pitié seule a pris soin de ma vie,
Et nul regard d’amour ne s’est tourné vers moi.

L’enfant qu’attire ma voix douce
Me fuit dès qu’il a vu la couleur de mon front ;
En vain mon cœur est pur, le monde me repousse,
Et ma tendresse est un affront.