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rêts du pays et des cultivateurs eux-mêmes au nom desquels on réclamait,

Le code rural n’était pas une perfection ; il y avait à le corriger ; mais il n’y avait pas à en faire un grief contre le pouvoir en le flétrissant comme une abomination.

Certainement, les libertés publiques sont choses précieuses ; elles sont même indispensables à l’avancement bien entendu d’une société ; mais il est évident qu’on a commis une mauvaise action quand, pour avoir ces libertés plus larges que ne les donnait le régime autoritaire du président Boyer, on a ainsi affaibli dans l’esprit des populations cette idée salutaire du travail, qui est l’objet même de la vie sociale et la condition de tous les progrès.

L’opposition eût dû, au contraire, accuser le gouvernement qu’elle combattait d’avoir négligé, d’avoir méconnu cette grande tâche d’administrer, qui était le principal et le premier de ses devoirs. Elle se fût honorée dans cette voie pratique et rationnelle ; et son rôle, après la victoire, eût dû être de recourir, sans perdre une heure, à ces systèmes scientifiques et puissants d’exploitation agricole, qui élevaient à ce moment-là la grandeur de la République des États-Unis et commençaient la fortune du Brésil, du Chili, de l’Argentine, de divers autres pays de l’Amérique du Sud, nos voisins.

La liberté. politique n’est pas incompatible avec le travail. Loin de là, il n’est de vraie liberté que celle que garantit par le travail l’indépendance, la dignité du citoyen. Les libéraux de 1843 auraient été les bien-