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le goût des jouissances honnêtement créées par l’activité et accrues de plus en plus par l’importation corrélative des arts de l’Europe, eût désintéressé de la politique la plupart de ceux qui s’en mêlent sans aucun titre, sans aucun mérite, dans l’unique idée d’en tirer profit. Le reste, c’est-à-dire l’immense majorité du pays, plus intéressé à l’ordre que les pouvoirs publics eux-mêmes, eût suffisamment garanti cet ordre au gouvernement, les droits de tous étant respectés.

Mais le président Boyer, possédé de la crainte des insurrections, effrayé des manifestations de l’esprit d’opposition qui se faisait jour à la tribune et dans la presse, n’eut plus qu’un but, qu’une idée, une idée fixe : empêcher les commotions, assurer l’ordre matériel et maintenir son autorité.

L’opposition l’irrita. Au lieu d’employer contre elle l’adresse, les habiletés du régime parlementaire, tout en portant vigoureusement l’esprit public vers le goût de la prospérité, ce qui lui eût donné dans tout le pays des alliés intéressés au maintien de l’ordre, il mit de côté sa tâche d’administrateur, et ne s’occupa que de la police.

Ainsi, la décroissance de la production continua sous son gouvernement, et s’accentua d’une manière très vive dès les premières années qui suivirent sa chute.

Ses adversaires avaient pris pour arme de guerre contre lui, entre autres choses qu’ils lui reprochaient, le code rural. Ce procédé était déloyal, funeste aux inté-