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Aidez-vous, Dieu vous aidera. Mais aidez-vous vite !

Nous avons déjà prospéré sous notre propre direction. Ce n’est pas Le régime colonial seul qui a fait valoir les richesses de notre territoire. Sous l’administration de Toussaint Louverture, par exemple, notre pays a été plus prospère encore que sous les gouverneurs européens de Saint-Domingue. On se souvient encore d’un temps où ce pays, déjà délivré du travail forcé, produisait plus que sous les colons, et offrait toutes les facilités, tous les agréments, toutes les jouissances que donnent à l’existence les pays de l’Asie et du continent de l’Amérique situés sous les mêmes latitudes que le nôtre. On n’a pas non plus oublié un temps, moins éloigné encore, où sous la direction de chefs d’arrondissements intelligents, certaines parties de la République vivaient dans une abondance dont on parle aujourd’hui avec admiration. Si, dans ce temps là, on se fût appliqué à accroître cette prospérité relative au moyen des procédés de culture et des protections de toute sorte qui font naître la fortune des peuples civilisés, nous serions aujourd’hui dans une tout autre situation. Il y avait à cette époque que je rappelle un état de choses assez satisfaisant, une base sur laquelle il était facile, avec un peu d’activité, d’élever une bonne fois la civilisation du pays. C’est l’incurie de nos gouvernements qui a laissé se perdre cet état de choses.

Il est donc évident que nous pouvons, grâce aux moyens libéraux et aux procédés employés de nos jours