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Quelles que soient les difficultés qu’il y ait en ce moment chez nous pour faire entendre raison, pour discipliner, pour organiser, il y a moyen de tout réparer. C’est au patriotisme éclairé qu’il appartient de trouver ce moyen et de l’employer avec énergie pour le salut de notre pays.

Toute autre question en un pareil moment en Haïti est pure comédie ou haute trahison ; soyez-en convaincus, Ô mes concitoyens, à qui je m’adresse !

Pour moi qui, par le bon plaisir de quelques individus dont la valeur est maintenant connue, me trouve éloigné des miens, je n’ai que ces vœux à vous envoyer et ces conseils à vous offrir. Ayez le calme qu’il faut pour les méditer. Les choses dont il s’agit ne se font pas dans l’agitation.

Depuis bientôt cinq ans, Je vis loin de vous, dans les tristesses et les souffrances de l’exil, travaillant pour mon existence et pour servir la cause de ma race et de mon pays, ne prenant part à aucune intrigue, à aucun projet de nature à agiter ce pays déjà trop à plaindre, auquel je souhaite tout d’abord le calme, la paix, la réflexion, le recueillement qu’il lui faut pour qu’il se décide à se sauver par ses propres efforts. Les exilés, d’ordinaire, comptent sur les troubles : moi, malgré les angoisses qui remplissent mes jours et mes nuits dans cet exil immérité, je vous engage à éviter les bouleversements, à vous réunir tous en un seul parti, afin d’aviser en paix à ce qu’il y a à faire dans la grave conjoncture où l’incapacité de nos gouvernements nous a jetés.