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par son travail} la guerre de Fin dépendance et les dis­ sensions civiles qui vinrent après, virent graduellement diminuer cette richesse agricole, qui faisait l’admiration de l’Amérique et de l’Europe^

II appartenait au gouvernement de ce pays, devenu indépendant, de ramener de suite la production* de ce sol exceptionnellement doué au pqint où elle était arrivée au moment de la Révolution. C’était, pour l’adminis­ tration de la République d’Haïti, un devoir pressant, le premier et le plus impérieux de ses devoirs, d’atteindre en hâte et de dépasser l’ancienne prospérité de la colo­ nie de Saint-Domingue. C’était là d’abord pour elle une question d’amour-propre et d’honneur national. C’était là en outre l’unique moyen de rendre ce peuple nou­ veau respectable et respecté, c’est-à-dire paisible, pros­ père, heureux, civilisé.

L’indépendance n’avait pas seulement pour but, pour les citoyens de ce pays, de se gouverner par leurs propres lois ; mais aussi de créer sur cette terre prodigue une civilisation fertilisée et ennoblie par la liberté. C’était là la pensée de ces hommes généreux et vaillants qui venaient de combattre.en vrais héros pour nous donner cette patrie. Le sentiment profond qu’ils avaient de la dignité humaine leur avait fait une grandeur d’âme sublime, que leurs adversaires mêmes ont admirée au milieu de la lutte. Ils avaient pour objet, en répandant leur sang sur les champs de bataille, d’élever à leur race un monument dans les Antilles. Ce monument, ce devait être, on le voit dans tout ce qu’ils ont dit, dans