Page:Delly - Mitsi.pdf/93

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

son timbre souple et sa pureté rare. Jacques, les mains jointes, la regardait, l’écoutait avec un air extasié… Mais comme la dernière note passait entre les lèvres de la jeune fille, le petit garçon se redressa un peu sur son fauteuil en s’exclamant :

— Ah ! papa !

Christian apparaissait au seuil de la porte-fenêtre ouverte sur la petite terrasse. Il était suivi de son dogue Attila, celui dont il avait autrefois menacé la petite Mitsi venue en suppliante devant lui.

Mitsi, dont le visage s’empourprait soudainement, se leva, s’écarta un peu, son ouvrage à la main, en baissant légèrement ses paupières aux longs cils foncés.

— Quelle voix délicieuse !… Il ne faudra pas la réserver seulement à Jacques, charmante petite artiste que vous êtes !

L’enfant s’écria :

— N’est-ce pas qu’elle chante bien, papa ?

— Très bien. Avec d’excellentes leçons, elle deviendra une admirable artiste.

Il s’approchait en parlant, et mit sa main sur l’épaule de la jeune fille.

— … Cette perspective vous plaît-elle, Mitsi ?

D’un mouvement léger, elle essaya de se dégager. Mais cette main fine était singulièrement ferme, sans dureté, d’ailleurs. Comme Christian se penchait un peu, Mitsi, en levant les yeux, vit tout près d’elle son visage souriant, son regard étincelant d’ironie caressante.

— Je ne l’ai jamais envisagée, monsieur le vicomte… et je ne crois pas que cette carrière me soit jamais accessible.

— Pourquoi pas ? D’autres ont réussi qui n’avaient pas la moitié des atouts que vous possédez. Avec mon aide, vous verrez que tout s’arrangera très facilement.