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et avait grand besoin de repos. Vers deux heures, quand Jacques fut levé, puis installé dans le grand salon qui donnait sur la petite terrasse terminant l’aile sud, la gouvernante se retira dans sa chambre, voisine de celle de l’enfant, laissant le petit convalescent à la garde de Mitsi.

La jeune fille travaillait près de lui à un ouvrage de lingerie. Jacques, les yeux clos, semblait sommeiller. Mais tout à coup il demanda, avec la voix câline qu’il prenait parfois en s’adressant à Mitsi :

— Chante, veux-tu, ma Mitsi ?

Elle jeta un regard perplexe vers les fenêtres ouvertes, l’une sur la petite terrasse du sud, une autre sur la grande terrasse qui longeait les deux ailes et le corps de bâtiment central.

— Plus tard, mon chéri, quand les fenêtres seront fermées.

— Non, maintenant !… Pourquoi tu as peur qu’on t’entende ? C’est si joli, quand tu chantes !

— Tout le monde ne serait peut-être pas de cet avis, mon cher petit.

— Si, si, bien sûr !… Et puis, personne ne t’entendra.

Mitsi jeta un regard vers la grande terrasse, au bord de laquelle s’alignaient des caisses de lauriers-roses et d’orangers, puis vers le parterre fleuri qui s’étendait entre les deux ailes, et auquel on accédait par trois degrés de marbre rose. Tous ces alentours paraissaient complètement déserts.

En outre, le salon où Mitsi se trouvait avec l’enfant était assez éloigné de l’appartement du châtelain pour qu’il n’y eût aucun risque d’être entendue de ce côté.

Désireuse de distraire le petit convalescent, que peu de choses amusaient, Mitsi commença donc un vieux Noël qu’elle chantait dans la chapelle du couvent. Elle contenait sa voix qui néanmoins révélait