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— Faites attention, Mitsi ! s’exclama l’Anglaise. Vous êtes pourtant si adroite d’habitude !

— Oh ! oui ! Mitsi est fée ! dit la voix frêle de Jacques.

Un sourire amusé entr’ouvrit les lèvres de Christian.

— Je ne sais encore si elle l’est : mais en tout cas, elle en a bien l’apparence.

Une vive rougeur couvrait le teint délicat, légèrement ambré, tandis que la jeune fille avançait, les paupières un peu baissées, pour ne pas rencontrer le regard qu’elle sentait attaché sur elle. M. de Tarlay se recula un peu afin qu’elle pût s’approcher de Jacques. Celui-ci, languissamment, se souleva, tandis que Mitsi portait à ses lèvres le bol d’argent.

— Finissez de boire, mon chéri, dit-elle en voyant que le petit repoussait la tasse demi-pleine encore.

— Non, j’ai assez… Laisse-moi, Mitsi.

— Pas de caprice, Jacques. Bois cela, ordonna M. de Tarlay.

Cette fois l’enfant obéit aussitôt et ne laissa pas une goutte dans le bol.

Comme Mitsi se redressait, une main se posa sur son bras.

— Êtes-vous satisfaite de votre situation, Mitsi ?

Elle eut un mouvement de recul, en retirant son bras. Après une courte hésitation, elle répondit simplement :

— J’aime beaucoup M. Jacques, et je suis très heureuse de pouvoir m’occuper de lui.

— Allons, tant mieux ! Vous plaisez à Jacques… Jacques vous plaît ; c’est parfait. Au reste, quand vous en aurez assez, il sera facile de vous trouver autre chose. Vous n’êtes évidemment pas destinée à rester perpétuellement bonne d’enfant.

Son regard avait une douceur railleuse qui fit un peu frissonner Mitsi.