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La maladie de l’enfant suivait son cours normal. Mais la faiblesse restait inquiétante. Le docteur Massard disait :

— J’ai hâte qu’il puisse partir pour Rivalles. L’air de la campagne lui vaudra mieux que tout, à ce petit.

Par une lettre de Marthe, Mitsi savait que le château avait déjà un hôte : Olaüs Svengred, qui était resté le meilleur ami de M. de Tarlay, venait d’y arriver. On attendait pour un peu plus tard M. et Mme Thibaud de Montrec.

« J’ai beaucoup d’ouvrage, ajoutait la lingère. Heureusement on vient de me donner une aide. C’est une brave fille du pays, élevée dans un orphelinat et qui travaille admirablement. Nous nous entendons fort bien. Mais je serais beaucoup plus contente encore si je vous avais à sa place, chère Mitsi. »

En soupirant, Mitsi songea : « Oui, j’aimerais à travailler près de cette bonne Marthe… Mais, d’autre part, je suis bien attachée à mon pauvre petit Jacques ».

L’enfant lui témoignait une tendresse qui s’épanchait peu au dehors, mais qu’il savait lui montrer par un geste caressant, par un regard de ses beaux yeux languissants. Plus que jamais, il la voulait sans cesse près de lui… Fort heureusement, l’Anglaise n’était pas jalouse de cet attachement. Sa nature indifférente ne connaissait pas ce sentiment et s’accommodait fort bien de ce qu’elle appelait l’engouement de Jacques.

Un après-midi, en venant apporter au petit garçon un bol de bouillon, Mitsi trouva M. de Tarlay assis près du lit. Dorothy, debout à quelques pas, lui donnait des nouvelles de la convalescence… L’assiette trembla entre les mains de la jeune fille, le bol pencha un peu, et quelques gouttes de bouillon éclaboussèrent le tapis clairsemé de roses.