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cheveux, elle avait mieux que jamais l’air d’une délicieuse princesse travestie en soubrette. Déjà, plus d’une parole admirative lui avait été murmurée. Mais elle restait froide et fière, parlant peu, polie avec tous, simplement. Les femmes disaient avec dépit : « C’est une péronnelle, une orgueilleuse. Attendez un peu, qu’on lui montre un de ces jours le cas qu’on fait d’une créature comme elle, qui sort d’on ne sait où, qui a sûrement tous les vices dans le sang. »

Cette charitable prévision avait été répandue par Adrienne, l’ancienne ennemie de Mitsi, qui avait senti se réveiller, plus vive que jamais, son animosité d’autrefois devant celle qui reparaissait jeune fille, douée d’un charme incomparable, d’une beauté que le clan masculin de l’office déclarait sans rivale. Secrètement, elle s’était juré de lui rendre la vie impossible dans la maison, et si elle le pouvait de la faire chasser — « pour la punir de ses grands airs » songeait-elle, avec une colère envieuse, en suivant des yeux la souple et fine silhouette dont la grâce aristocratique était si frappante.

Un jour enfin — quarante-huit heures après que le médecin eût déclaré Jacques hors de danger immédiat — une dépêche annonça l’arrivée de M. de Tarlay pour le lendemain.

La présidente l’apprit à son arrière-petit-fils, en venant lui faire sa visite quotidienne. Mitsi, qui à ce moment apportait un bol de tisane à l’enfant, fut frappée de l’éclair de bonheur passant tout à coup dans les beaux yeux las et fiévreux encore.

Un peu après, se trouvant seule avec le petit malade, elle lui demanda, en posant une main caressante sur le front un peu brûlant :

— Vous êtes content de voir arriver votre papa, mon chéri ?

Il murmura :