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Une religieuse garde-madame venait veiller l’enfant la nuit. Pendant le jour, Dorothy et Mitsi s’occupaient de lui. La gouvernante était une femme consciencieuse et froide, qui s’acquittait ponctuellement de sa tâche, sans y joindre l’intérêt affectueux. Sous ce rapport, d’ailleurs, le petit Jacques semblait bien déshérité. On le disait triste et maussade ; mais Mitsi eut très vite l’intuition que le pauvre petit être souffrait de n’être pas aimé.

Dès le premier jour, l’enfant parut éprouver de la sympathie pour elle. Sympathie non démonstrative, d’ailleurs. Il laissait prendre par elle sa main brûlante, alors qu’il la retirait avec impatience d’entre les doigts de sa grand’mère ou de Dorothy. Tandis que la gouvernante avait peine à lui faire absorber les médicaments prescrits, il les acceptait docilement de la main de Mitsi. Dès que la jeune fille s’éloignait il réclamait de sa petite voix faible, avec une intonation volontaire :

— Mitsi !… Je veux qu’elle reste !

Mitsi était d’instinct une admirable infirmière. Elle avait, en outre, une nature faite pour le dévouement et, dès le premier moment, éprouvait une tendre compassion pour ce petit être entouré d’opulence, mais privé de toute affection. Elle fut une remarquable auxiliaire du médecin dans la lutte contre la mort qui essayait d’emporter le frêle enfant. Pendant deux jours surtout, le docteur Massard — l’un des premiers praticiens de Paris — se montra fort inquiet. Jacques délirait, et parmi les mots sans suite qu’il prononçait revenaient fréquemment ceux-ci :

— Papa… voir papa…

Par les conversations de l’office, Mitsi savait que M. de Tarlay, qui voyageait en Orient, n’avait pas encore annoncé son retour. Bien que la présidente l’eût informé de la maladie de son fils, il jugeait pro-