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abîme d’égoïsme, n’avait jamais connu l’affection maternelle, sinon peut-être pour Christian. Mais encore fallait-il voir surtout, dans l’idolâtrie dont elle avait toujours entouré son petit-fils, l’effet de l’orgueil démesurément flatté par les dons remarquables dont il était pourvu, à tous points de vue, et par la situation prépondérante que lui donnaient son nom, sa fortune, joints à ces dons eux-mêmes.

Florine n’avait pas quitté le seuil de la porte. Elle expliqua, tandis que la présidente revenait vers elle :

— Je n’ai pas eu la scarlatine et je ne me soucierais pas du tout de la prendre.

— Tu as bien raison, mon cœur. Ce serait tout à fait inutile, et fort désagréable… Peut-être, d’ailleurs, n’y a-t-il là qu’un de ces malaises auxquels Jacques est malheureusement sujet, avec sa santé chétive. Il faut l’espérer ; autrement, je ne sais trop comment il supporterait une maladie un peu sérieuse… Enfin, Dorothy le soignera bien, car c’est une personne consciencieuse et entendue.

Les deux femmes, tout en parlant, avaient quitté la chambre de l’enfant et se dirigeaient vers l’appartement de la présidente… Florine approuva de la tête ces dernières paroles de Mme Debrennes ; puis elle demanda :

— Dites donc, marraine, comment trouvez-vous cette jeune fille ?… cette Mitsi ?

La présidente pinça les lèvres.

— Très jolie, évidemment… Oui, impossible de dire le contraire… Beaucoup trop jolie… et un genre très fin, très… distingué…

Florine dit avec un rire bref :

— Je pense qu’elle ne manquera pas d’admirateurs, à l’office.

La présidente eut un haussement d’épaules, en répliquant avec le plus profond dédain :