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— Oui, ce doit être la scarlatine, dit-elle à mi-voix, s’adressant à la gouvernante qui se tenait près d’elle. J’ai aidé à soigner des enfants qui l’avaient l’année dernière, au pensionnat d’où je viens.

Elle s’exprimait en anglais, avec la plus grande facilité, cette langue lui ayant été enseignée par sœur Hélène, qui la connaissait parfaitement. Dorothy parut stupéfaite ; mais avant qu’elle pût témoigner son étonnement, Léonie se détourna, la mine revêche.

— Qu’est-ce que vous baragouinez là, vous ?… Est-ce que vous auriez la prétention de savoir l’anglais, par hasard ?

— Et pourquoi ne le saurais-je pas, madame ? répondit Mitsi avec une calme dignité.

— Qui donc vous aurait payé ces leçons-là ?

— Une bonne religieuse me les a données, pour rien, avec la pensée que cette connaissance pourrait un jour m’être utile.

— Utile à quoi, je vous le demande ? Une servante, une ouvrière en lingerie n’a pas besoin de ça… Je vais lui montrer sa chambre, Dorothy, et puis je vous la renverrai, pour que vous la mettiez tout de suite à son service… Ah ! voilà Mme la présidente, je parie !

On entendait un bruissement de soie… Sur le seuil de la porte restée ouverte apparut Mme Debrennes, toujours imposante et portant haut la tête, toujours coiffée de cheveux très noirs qui formaient des coques sortant de la précieuse dentelle blanche du bonnet garni de rubans jaune d’or.

Derrière elle se montrait la tête blonde de Florine. Mais tandis que la présidente s’avançait jusqu’au lit de son petit-fils, Mlle Dubalde s’arrêta près de l’entrée. Tout aussitôt son regard tomba sur Mitsi qui s’était détournée. Le délicieux visage apparaissait en pleine lumière. Florine eut un léger mouvement de