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semblable à autrefois. On voyait peu de rides sur son visage rebondi ; sa perruque continuait d’être du même blond roux, sur lequel tranchait le tulle noir du bonnet. Les yeux clairs, sous leurs paupières un peu gonflées, gardaient l’expression de méchanceté sournoise dont se souvenait trop bien Mitsi.

— Ah ! vous voilà, vous ?

La femme de charge toisait la jeune fille, qui s’était levée. Une lueur — surprise et contrariété mêlées — passa dans son regard. Elle dit sèchement :

— Eh bien, vous allez vous mettre tout de suite à la besogne. Mais ce n’est pas à la lingerie que vous serez employée. Mme la présidente a décidé de vous faire remplacer la bonne du petit M. Jacques qui a dû entrer hier à l’hôpital, ayant été prise de la scarlatine.

Mitsi échangea avec Marthe un regard désolé. Ce lui aurait été une consolation de travailler en compagnie de celle qui se montrait si bienveillante pour elle.

Léonie vit ce regard et ricana :

— Ça ne vous plaît pas ? Dommage, vraiment ! Il faudra tout de même bien que vous vous en arrangiez, ma petite… Venez, je vais vous présenter à Dorothy, la gouvernante anglaise de M. Jacques.

Après une longue poignée de main à Marthe, Mitsi, le cœur serré, suivit la femme de charge. Par l’escalier de service, elles gagnèrent le premier étage et, longeant un corridor, arrivèrent à l’appartement réservé à l’héritier de Tarlay.

Léonie ouvrit une porte et annonça :

— Je vous amène votre aide, Dorothy.

Mitsi vit devant elle une vaste chambre tendue de soie blanche à bouquets pompadour, éclairée par deux hautes fenêtres garnies de grands rideaux en tulle brodé. Dans un lit d’acajou à incrustations de