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— Cela ne m’étonne pas.

Elle se souvenait de l’accueil fait autrefois à une petite fille malheureuse. Égoïste, fantasque, dépourvu de cœur, voilà ce qu’il était, le beau vicomte de Tarlay.

— Parlez-moi de votre famille ? demanda la jeune fille à Marthe. Votre mère ?… Vos frères ?

— Ma pauvre maman est bien fatiguée, bien usée. Elle aurait besoin de repos, d’un peu de bien-être… Hélas ! il lui faut s’occuper de ses petits-enfants, qui n’ont plus de mère, et faire la nourriture, soigner les vêtements de ses fils. Mon frère Vincent, lui, n’a pas une bien forte santé. Julien est infirme. Tous deux, cependant, travaillent courageusement, les pauvres garçons. Mais M. Parceuil est exigeant, et avec cela pas généreux… Ah ! bien loin de là ! À part quelques privilégiés, dont on le soupçonne de faire ses espions, il paye le moins possible et demande beaucoup de besogne. Au reste, il a la réputation d’être fort avare.

Avec un demi-sourire, la lingère ajouta :

— Allons, voilà que je fais la mauvaise langue ! Mais il est si peu sympathique, ce M. Parceuil !

— Je me souviens bien de lui, dit pensivement Mitsi. Pourtant, je ne l’ai guère vu… Et Mme Debrennes non plus.

— Elle aussi demeure toujours la même. Adrienne est de plus en plus sa favorite et en profite pour faire du tort à ceux qui ne lui plaisent pas. Elle est quelquefois bien mauvaise avec moi… mais je suis obligée de tout supporter, car si je partais d’ici, mes frères seraient certainement renvoyés des forges. Que deviendrions-nous alors ? La vie est déjà si difficile, si dure pour eux, là-bas !

La porte de la lingerie, à ce moment, fut ouverte par une main autoritaire. Mme Léonie parut, presque