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cette créature charmante qui, dès l’abord, lui semblait si peu faite pour le milieu dans lequel, maintenant, elle allait se trouver. Discrètement, la lingère interrogea sa nouvelle compagne sur son existence au pensionnat, puis répondit à ses questions… Oui, Léonie était toujours aussi tyrannique, aussi injuste. Elle, Marthe, avait souvent à se plaindre de sa méchanceté. Mais elle se trouvait obligée de courber la tête, car ses frères étaient employés aux forges, et la femme de charge, très bien en cour près de la présidente, pouvait leur nuire beaucoup par l’intermédiaire de celle-ci… Il y avait aussi Adrienne, cette femme de chambre autrefois si mauvaise pour Mitsi et qui avait réussi, à force de souplesse et de flatteries, à devenir la camériste préférée de Mme Debrennes. Fort heureusement, de ce fait, elle se trouvait haussée au rang de la domesticité supérieure, de telle sorte que Mitsi n’aurait pas le déplaisir de la voir aux repas.

Mlle Dubalde est toujours fourrée ici, comme je vous récrivais, ajouta la lingère. Elle part la semaine prochaine pour Rivalles en même temps que Mme la présidente… Car nous quittons Paris dans huit jours. M. le vicomte, qui voyage en ce moment, a décidé de s’installer là-bas dès son retour. Aussi allons-nous avoir beaucoup à faire, pour que tout soit prêt au jour fixé.

Mitsi demanda :

— Et l’enfant ?… Il était, m’avez-vous écrit, de santé délicate ?

— Il l’est toujours. C’est un petit être chétif, sans entrain… Au fond, voyez-vous, Mitsi, je crois que le pauvre petit manque d’affection. Sa grand’mère veille à ce qu’il soit toujours entouré de luxe, mais ne s’occupe guère de lui. Son père est d’une complète indifférence à son égard…

Mitsi murmura :