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à la vue de Mitsi. Elle se leva et vint à elle, les mains tendues.

— Ah ! Mitsi, que je suis heureuse de vous voir !

Elles s’embrassèrent chaleureusement… Le portier fit observer, d’un ton surpris :

— Eh ! vous vous connaissez donc ?

— Oui, monsieur Laurier. Mitsi a passé quelque temps autrefois à Rivalles.

— Ah ! bon !… Eh bien, elle ne s’embêtera pas, cette jeune personne, parce qu’elle en trouvera plus d’un pour lui faire la cour, jolie comme elle l’est !

D’un brusque mouvement, Mitsi se tourna vers lui, le front haut, le regard fier, son délicat visage tout empourpré.

— Personne ne me fera la cour, parce que je ne le permettrai jamais !

L’autre, un instant interloqué, se mit à rire narquoisement.

— C’est ce qu’on verra, ma belle !… Vous sortez du couvent, ça se comprend que vous fassiez l’effarouchée. Mais dans quelque temps, vous verrez les choses d’une autre façon !

Sur ces mots, il quitta la lingerie. Marthe, entourant de son bras les épaules frémissantes de Mitsi, attira contre elle la jeune fille.

— Allons, ne vous faites pas de tracas à l’avance, ma pauvre petite… Dire que vous n’aurez pas des ennuis ici, avec tous ces imbéciles de valets… non, ce n’est pas possible. Mais en restant digne et froide, vous les tiendrez à distance… Voyons, asseyez-vous. Léonie est sortie, nous avons le temps de causer un moment.

Refoulant les larmes qui montaient à ses paupières, Mitsi s’assit près de l’excellente fille, qui gardait entre ses longs doigts maigres la délicate petite main un peu brûlante. Marthe considérait avec émotion