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La messe finie, elle s’attarda un quart d’heure encore dans la chapelle, s’absorbant en une fervente prière. Puis elle sortit et s’engagea dans le petit cloître conduisant au bâtiment principal.

La supérieure se tenait là, ayant plusieurs lettres à la main. Sans doute le facteur venait-il de lui remettre son courrier. Elle finissait de lire une carte d’épais vélin, timbrée d’or, et apercevant Mitsi, l’appela :

— Venez, mon enfant, j’ai une communication à vous faire… Votre protectrice, Mme la présidente Debrennes, estimant que votre éducation est achevée maintenant, vous rappelle dans sa maison. Elle vous confiera l’emploi de lingère auquel vous êtes très apte.

Mitsi avait pâli, et tressaillait longuement. Le cœur serré par l’angoisse, elle regardait la religieuse avec une sorte d’effroi… Puis elle dit d’un ton frémissant :

— J’espérais que Mme Debrennes me laisserait la liberté de travailler à mon gré… qu’elle ne m’obligerait pas à prendre rang parmi sa domesticité.

La supérieure regarda Mitsi d’un air désapprobateur.

— De quel ton vous dites cela, mon enfant !… Je crains qu’il n’y ait en vous un peu trop d’orgueil. N’oubliez pas que vous devez tout à Mme la présidente, que sans elle vous étiez probablement élevée dans quelque hospice, où l’existence n’aurait pas été pour vous si douce que parmi nous. Elle vous donne un emploi dans sa domesticité, soit !… Mais sur quoi comptiez-vous donc ? Et que vous croyez-vous, ma petite Mitsi, pour penser qu’elle vous offrirait autre chose ?… Allez, cela vaudra mieux pour vous que de travailler comme ouvrière ou employée, avec tous les dangers qui guettent une jeune fille obligée de vivre seule chez elle. Vous serez là dans une mai-