Page:Delly - Mitsi.pdf/59

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

bond ne parla plus. Pendant quelque temps, il garda les yeux ouverts, attachés sur Christian avec une expression inquiète et suppliante. Puis ses paupières se fermèrent… Et un peu plus tard, dans un dernier spasme, il rendit son âme à Dieu.

La nouvelle de cette mort impressionna Mitsi. Elle n’oubliait pas que M. Debrennes lui avait témoigné de la bienveillance et avait empêché qu’elle servît de jouet à la belle Florine. Puis il avait l’air si bon, le pauvre homme… tandis que les autres !

Deux jours après les funérailles, qui furent naturellement des plus magnifiques, Léonie informa l’enfant que le lendemain elle partirait pour le pensionnat Sainte-Clotilde, à Vorgères, dans l’Eure-et-Loir.

— Marthe te conduira jusqu’à Paris et te mettra dans le train de Chartres, ajouta-t-elle. Là-bas, il y aura une religieuse qui t’attendra… Quant à ton trousseau, les sœurs te le fourniront ; Mme la présidente leur envoie une somme pour ça.

Mitsi faillit sauter de joie. Enfin, enfin, elle allait quitter cette demeure !… Et pour comble de chance, on la faisait accompagner par la seule personne de la domesticité qui lui eût témoigné de la sympathie.

Ce n’était certes pas dans l’intention de lui être agréable que Léonie avait choisi la jeune lingère. Mais Marthe ayant demandé l’autorisation d’aller voir sa grand’mère qui se mourait dans un hôpital parisien, la femme de charge avait saisi cette occasion pour se débarrasser promptement de l’enfant qu’elle ne pouvait souffrir.

Avant son départ, Mitsi ne revit ni la présidente, ni Parceuil, ni M. de Tarlay. Petite créature dédaignée, elle quitta le Château Rose par un matin humide et triste, en compagnie de la bonne Marthe qui portait son petit bagage d’orpheline pauvre. Arrivée au bout