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— Ah ! tu en fais du joli, effrontée !… Il paraît que tu as eu l’audace d’aller trouver M. le vicomte dans son pavillon ? Pourquoi faire, mauvaise graine ? Me le diras-tu ?

Elle avait saisi l’enfant par le bras et la secouait avec colère.

— … Oui, me diras-tu ce que tu allais lui demander ?

Mitsi riposta fièrement :

— Non, parce que cela ne vous regarde pas.

— Ah ! ça ne me regarde pas !… Je te prouverai bien le contraire, insolente ! Tiens, voilà !… et encore… et encore, pour payer les reproches de Mme la présidente, qui m’a accusée de ne pas te surveiller.

Les coups tombaient sur le visage, sur les épaules de Mitsi. Mais l’enfant, stoïquement, se taisait… Léonie s’arrêta et la jeta brutalement sur son lit.

— Ah ! si tu restais ici, j’aurais vite fait de te mâter, méchante fille de rien !… Mais heureusement, nous allons être débarrassés de toi. Madame me l’a dit tout à l’heure.

Elle sortit en continuant de maugréer.

Mitsi, tout à coup, ne sentait plus sa souffrance. Quoi ! elle allait enfin quitter cette demeure, ces gens si méchants pour elle, l’humble orpheline affamée d’un peu d’affection ?… Où irait-elle ?… Peu importait, car il lui semblait que nulle part ailleurs, elle ne serait aussi malheureuse qu’ici, dans ce palais superbe dont les habitants, presque tous, semblaient la détester — y compris M. de Tarlay, qui venait d’être si mauvais à son égard.

Oui, si mauvais, puisqu’il avait même raconté à la présidente ce qui s’était passé, en demandant probablement que la coupable fût punie — ce dont s’était chargée avec joie Léonie.