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— Je voulais demander quelque chose à M. le vicomte… Mais il m’a chassée…

— Ah ! ah !… C’est que vous êtes tombée sur un mauvais moment, ma pauvre petite. Mais M. de Tarlay en a de meilleurs, et vous pourrez, une autre fois…

Elle se redressa, les yeux brillants de colère et de rancune.

— Oh ! jamais ! jamais je n’essayerai de lui demander quelque chose ! Il est trop mauvais, lui aussi… comme les autres !

Puis, aussitôt, elle murmura en regardant le Suédois d’un air inquiet :

— Oh ! monsieur, vous ne répéterez pas ce que je viens de dire là ?

Olaüs sourit avec bonté.

— Non, mon enfant, soyez sans crainte… Mais calmez-vous… Et si par hasard, ce que vous alliez demander à M. de Tarlay, je pouvais le réaliser, ne vous gênez pas pour me le dire.

Mitsi secoua la tête.

— Non, vous ne le pouvez pas. Il n’y a que lui, ici, parce qu’il est le maître. Mais merci… merci, monsieur ! Que vous êtes bon, vous !

Elle levait sur lui un regard de profonde reconnaissance… Puis, en un geste spontané, elle saisit sa main et y appuya ses lèvres. Après quoi elle s’éloigna en courant pour regagner sa triste chambre.

Olaüs Svengred la suivit des yeux en murmurant :

— Pauvre enfant !… Quelle physionomie intéressante !… Comment Christian peut-il se montrer dur pour cette charmante petite créature ?

La rapide sortie de Mitsi avait passé inaperçue aux yeux de Léonie. Mais la femme de charge en fut néanmoins informée. Le lendemain matin, Mitsi la vit entrer dans sa chambre, avec une expression furibonde sur son visage rebondi.