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de désespoir l’avait jetée sur son dur petit lit. Qu’était donc sa mère pour qu’on la méprisât ainsi ?… Et pourquoi pensait-on qu’elle, Mitsi, pût être une voleuse ?

Ce fut le lendemain de ce jour que la pauvre petite créature résolut d aller trouver M. de Tarlay. Lui n’avait pas été mauvais pour elle. Bien qu’il l’intimidât beaucoup et que ses domestiques parlassent parfois de lui comme d’un maître capricieux et sans indulgence, Mitsi jugeait qu’il était certainement meilleur encore que la présidente ou bien ce M. Parceuil qui tous deux l’avaient regardée avec tant de méprisante dureté.

En dépit des ordres de Léonie, la petite fille se glissa vers onze heures hors de sa chambre, et gagna les jardins. Un valet de chambre avait dit un jour devant elle que M. de Tarlay se trouvait presque toujours, vers cette heure-là, dans le pavillon italien. Mitsi connaissait bien ce pavillon fait du marbre blanc le plus pur, et qu’entouraient des portiques couverts, pendant l’été, d’une profusion de roses. Plus d’une fois, cachée derrière un bosquet voisin, elle l’avait contemplé avec admiration, mais jamais elle n’aurait osé s’en approcher… Aussi tremblait-elle un peu en avançant vers le degré de marbre supportant deux colonnes qui précédait la porte faite de bronze admirablement travaillé.

Mitsi souleva le petit heurtoir, qui figurait une chimère, et le laissa retomber… De l’intérieur une voix dit :

— Entrez.

Mitsi poussa la porte… Juste en face d’elle, sur un divan couvert de précieuse soierie, Christian était étendu, un coude appuyé aux coussins, une cigarette entre les lèvres. D’une main distraite, il tourmentait les oreilles d’un jeune dogue qui se pressait contre