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étrangère vous déposséderait de votre sceptre ?… Eh ! je comprends ce point de vue… Mais si Christian n’est pas dans ces idées-là, vous le savez comme moi, il n’y a rien à faire pour l’y amener. Il faudra donc vous résigner au cas où il déciderait de faire vicomtesse de Tarlay cette brune comtesse Wanzel — ce qui, au reste, n’est pas du tout prouvé encore. Il est fort jeune et je m’étonnerais qu’il se mariât avant deux ou trois ans. Mais la comtesse en est visiblement fort éprise, et il s’amuse à lui faire la cour par distraction ou dilettantisme.

— Peut-être avez-vous raison… Je le souhaiterais pour Florine, qui est si amoureuse de lui, et qui souffrirait tant de devoir renoncer à tout espoir… D’autre part, il est certain qu’un mariage avec la comtesse Wanzel apparaît bien tentant, au point de vue amour-propre…

Elle hocha la tête, en souriant avec une orgueilleuse satisfaction.

— Christian peut choisir qui il voudra. Comme il n’est pas sentimental, il serait possible, en effet, qu’il consultât seulement son ambition. Je ne l’en blâmerais certes pas… Mais je regretterais en ce cas qu’il ait tant joué depuis quelque temps avec le cœur de Florine.

— Amusement de prince. Ma chère, votre filleule a vingt-trois ans, et c’est une fille sensée, qui devrait connaître Christian, qu’elle voit depuis son enfance. À mon avis, jamais il n’a eu l’idée d’en faire sa femme. Il s’amuse, je le répète ; il se plaît à se laisser adorer…

La présidente rapprocha ses sourcils noirs.

— En ce cas, il la compromettrait gravement… Il faudra que je recommande à Florine la circonspection. Mais allez donc faire entendre raison à une femme dont le cœur ne s’appartient plus !