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— Elle est toujours tranquille, cette petite ?

— Toujours. Elle travaille bien, m’a dit Léonie. Les domestiques lui reprochent seulement sa sauvagerie…

Elle se tut un instant, lissa d’une main un peu nerveuse les coques de cheveux noirs qui dépassaient sa coiffure de dentelle, et reprit :

— Puisque vous voilà, mon cher Flavien, il faut que je vous communique une observation que j’ai faite, et qui m’inquiète… Je trouve que depuis quelques jours, Christian s’occupe beaucoup plus de la comtesse Wanzel.

— Je l’avais remarqué aussi.

— Ah ! vraiment ?… Ce n’est donc pas une imagination de ma part !… Pourtant, elle est presque laide, elle n’a pas d’esprit… Ses seuls avantages sont la naissance et la fortune. Est-ce là ce que Christian rechercherait en elle ?

— Qui sait !

— Mais il le trouverait chez d’autres femmes, qui auraient en outre plus d’agréments physiques que celle-là ! Non, en y réfléchissant, Flavien, je ne puis croire qu’il songe à épouser la comtesse Wanzel !

— Eh ! eh !… Elle est alliée à la famille impériale et aux premières maisons d’Autriche… Une telle union flatterait l’orgueil de Christian. Je le crois fort ambitieux, votre petit-fils, ma chère amie.

— Ambitieux ?… Je ne sais… Oui, peut-être… En tout cas, il le prouverait, s’il épousait la comtesse… Évidemment, ce serait un beau mariage, à certains points de vue… un très beau mariage, qu’il me serait difficile de désapprouver. Mais, d’autre part, j’avais espéré avoir Florine comme petite-fille…

Parceuil eut un sourire narquois.

— Parce que vous vous dites qu’avec elle, vous continueriez de diriger la maison, tandis qu’une