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Le lendemain, sa punition étant levée, Mitsi s’en alla vers le parc, avec une provision de serviettes à ourler. Son jeûne de la veille la laissant un peu faible, elle ne gagna pas sa retraite habituelle et s’arrêta au bord d’une clairière qui lui semblait suffisamment isolée des principales voies du parc. Elle travailla là jusqu’à six heures, puis, sans se presser, reprit le chemin du château.

Comme l’enfant s’engageait dans une allée où jamais encore elle n’avait rencontré que des jardiniers, elle vit, marchant d’un pas flâneur, M. de Tarlay qui donnait le bras à une jeune femme petite et brune — la comtesse Wanzel, comme Mitsi l’avait entendu désigner un jour par une femme de chambre.

La petite fille pensa un instant à rebrousser chemin. Puis elle songea :

— Il n’est pas méchant, lui… Il ne me dira rien.

Elle se rangea modestement au bord de l’allée, en saluant avec une grâce timide.

— Tu n’es pas retournée chercher des fleurs dans l’étang, Mitsi ?

Christian l’interpellait ainsi, avec une gaieté moqueuse.

Elle balbutia, en rougissant :

— Non, monsieur le vicomte.

La jeune femme s’arrêta, en la regardant avec intérêt.

— Qui est cette petite fille ?

— Une enfant sans famille, que ma grand’mère fait élever.

— Mais ce nom ?

— La mère était Hongroise, paraît-il.

La comtesse étendit la main et caressa les brillantes boucles noires.

— Quels beaux cheveux !… Et ces yeux !… Elle