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la difficulté consistait à les atteindre, car elles se trouvaient dans l’eau, parmi les roseaux.

Mitsi s’avança tout au bord, se pencha, étendit la main… Elle tenait une des tiges fleuries… Mais la terre friable se déroba sous elle, et elle fut entraînée dans l’eau claire.

D’un mouvement instinctif, elle se retint aux grands roseaux, tout en jetant un cri de terreur… Du sous-bois le plus voisin quelqu’un s’élança, courut jusqu’à la berge. C’était M. de Tarlay. Avec une grande présence d’esprit, il se jeta à plat ventre sur le bord, étendit les bras et souleva l’enfant qui se cramponnait aux roseaux. En se reculant lui-même, il la ramena vers le bord. Florine, qui accourait, l’enleva et la posa sur la berge.

D’un bond souple, Christian se mit debout.

— Eh bien, tu fais du joli, petite imprudente !… Allons, cours vite au château, pour qu’on te change, car tu es dans un bel état !

— Et avec cela, tu mériterais une bonne correction ! ajouta Florine avec colère.

Christian lui jeta un regard moqueur.

— Quelle femme sévère vous êtes !… J’avoue que le crime de cette enfant ne me paraît pas si grand.

— Vous êtes trop indulgent !… Voyez de quoi elle est cause ? Vous vous êtes blessé…

Christian se mit à rire en regardant l’une de ses fines mains blanches égratignée par les roseaux piquants.

— Quelle blessure, en effet !… Non, non, je pardonne volontiers à cette petite Mitsi, pourvu qu’elle ne recommence pas, naturellement. Allons, va, enfant, et cours, pour ne pas prendre froid.

Mitsi balbutia :

— Je vous remercie beaucoup, monsieur.

Et elle s’enfuit, courant comme une jeune biche,