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— Très obligé, ma chère Florine ! Mais savez-vous que c’est le monde renversé ? Vous me faites des déclarations… et c’est un peu gênant pour moi, convenez-en ?

En fait, il n’avait pas l’air gêné le moins du monde. Ses dents brillaient entre la pourpre des lèvres soulevées par le plus moqueur des sourires, et les yeux superbes raillaient sans pitié… C’était Florine qui rougissait, depuis le front jusqu’à son cou blanc entouré de dentelles, et qui baissait les yeux, tandis qu’un frémissement agitait ses épaules.

Ils passèrent, allant vers l’étang. Mitsi reprit son travail, un instant interrompu. Elle n’avait guère apporté d’attention aux paroles échangées, dont le sens échappait à son inexpérience. La belle Florine lui déplaisait, d’ailleurs. Quant au vicomte, elle éprouvait à son égard une sorte de crainte respectueuse, mêlée d’une vague admiration. Ces sentiments n’avaient pu que se fortifier, du fait qu’elle entendait à l’office parler du jeune maître comme d’un important personnage, dont la majestueuse présidente elle-même subissait l’empire.

Au bout d’une demi-heure, son travail terminé, Mitsi se leva. Maintenant, elle pouvait se permettre un peu de récréation. La veille, elle avait vu sur le bord de l’étang de curieuses fleurs mauves, non encore bien épanouies, qu’elle s’était promis de cueillir aujourd’hui… Ce fut de ce côté qu’elle se dirigea, tout en jetant autour d’elle des regards investigateurs. Mais les promeneurs avaient bien disparu. Ils avaient sans doute pris un autre sentier, pour le retour.

Mitsi gagna l’endroit qu’elle avait remarqué la veille. Les fleurs étaient toujours là, bien ouvertes cette fois, montrant leurs pistils couleur d’or… Mais