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chauds rayons solaires. Rarement la solitude de ce lieu était troublée par quelque humain… Cependant, deux fois, se trouvant là à une heure matinale, la fillette avait pu voir M. de Tarlay et son ami Olaüs Svengred se dirigeant vers l’étang, le fusil sur l’épaule. Ils allaient chasser les poules d’eau, nombreuses en cet endroit. Mitsi entendait les coups de feu, qui lui causaient quelque émotion. Puis, un peu après, elle voyait de nouveau passer les deux jeunes gens, dans le sentier qui longeait le bosquet. Ils s’entretenaient gaiement sans se douter que deux grands yeux d’enfant les regardaient avec une ardente curiosité. Mitsi songeait :

« M. de Tarlay est bien plus beau ; mais l’autre a l’air plus doux et très bon. »

Elle était ainsi dans sa retraite préférée, quand un matin, un bruit de pas et de voix l’avertit que des promeneurs passaient là… D’un coup d’œil, elle reconnut Christian et Florine. La jeune fille, vêtue d’une robe de toile blanche garnie d’élégantes broderies, s’appuyait au bras de son compagnon. Les yeux levés sur lui, elle disait d’une voix frémissante :

— Christian, je ne sais jamais si vous parlez sérieusement !

Il riposta avec un accent d’ironie mordante :

— C’est affaire à vous de le deviner, belle Florine.

— Chose impossible avec un homme comme vous ! L’onde n’est pas plus changeante que votre humeur.

Les yeux du jeune homme étincelèrent de raillerie amusée.

— Que voulez-vous, il faut me prendre tel que je suis !

— Vous savez bien qu’on le fait — et avec quel bonheur, quand même !

Un rire légèrement sardonique s’échappa des lèvres de Christian.