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Montrec et Ludovic Nautier, au sujet d’un proverbe qu’elle voulait faire représenter la semaine suivante sur un petit théâtre improvisé… Quand Mitsi apparut au seuil du salon, elle la désigna aux deux jeunes gens.

— Tenez, voilà qui nous fera une petite bohémienne assez réussie.

Montrée, un grand garçon brun, fort poseur, assujettit son monocle pour regarder l’enfant des pieds à la tête.

— Oui, pas mal… Avec quelques oripeaux éclatants…

— Je m’en charge… Viens, petite.

Mitsi, fort intimidée, la suivit dans la pièce voisine. Adrienne, la jeune femme de chambre, se trouvait là, sortant de cartons quelques pièces d’étoffes de couleurs vives. Sur l’ordre de Florine, Mitsi enleva sa vieille robe, et Adrienne, sur les indications de Mlle Dubalde, drapa autour d’elle une soierie rouge à rayures jaune d’or. Dans les boucles noires, Florine posa une sorte de calotte de velours rouge garnie de sequins dorés. Après quoi elle déclara :

— Oui, ce sera bien ainsi… Qu’en dites-vous, Adrienne ?

— Très bien, mademoiselle. Mitsi, avec sa peau brune, ses cheveux noirs et son air sauvage, a tout à fait l’air d’une bohémienne.

En parlant ainsi, elle enveloppait d’un coup d’œil malveillant l’enfant pour laquelle, dès le premier jour, elle avait éprouvé de l’animosité.

Florine répliqua, en levant dédaigneusement les épaules :

— Elle l’est peut-être bien. Qu’en sait-on, après tout ?… Allons, suis-moi, Mitsi, que je te montre à ces messieurs.

La petite fille se voyait tout entière dans l’une des