Page:Delly - Mitsi.pdf/30

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

solitude intérieure, comme à la Ménardière, chez sa nourrice. Le premier moment de curiosité passé, les domestiques ne s’occupaient plus d’elle. Seule, Marthe, la pâle jeune fille qui remplissait les fonctions de lingère, lui adressait parfois quelques mots d’amitié. Quand l’enfant avait fait les menus travaux dont la chargeait Léonie, elle était libre de s’en aller errer dans les merveilleux jardins et dans le parc immense qui s’en allait rejoindre la forêt, propriété, elle aussi, du vicomte de Tarlay. Elle y passait une partie de ses journées, évitant soigneusement de rencontrer aucun des habitants du château. De loin, un jour, elle avait aperçu la belle Florine et la majestueuse présidente, puis une autre fois, le jeune vicomte et deux de ses amis… Elle se demandait avec anxiété ce qu’on allait faire d’elle, et si les personnages disposant de son sort ne l’oubliaient pas.

Un après-midi, comme elle songeait tristement, assise au pied d’un arbre, elle vit surgir près d’elle un des grands valets portant la livrée de Tarlay.

— Ah ! je vous trouve enfin !… Ce n’est pas malheureux ! Allons, ouste ! venez vite ! Mlle Duhalde vous demande.

Mitsi savait que cette demoiselle Dubalde était la jeune fille blonde entrevue par elle le jour de son arrivée. Tout en suivant le domestique, elle se demandait :

« Que me veut-elle ?… Peut-être va-t-elle me dire ce qu’on fera de moi ? »

Florine se trouvait dans le salon, dénommé salon des Bergères, et qui précédait immédiatement un petit salon en rotonde où l’on admirait un plafond décoré par Boucher. Après celui-ci commençait l’appartement de Christian, situé dans l’une des ailes qui faisaient retour du côté des jardins… La jeune fille, très animée, discutait avec Thibaud de