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de marbre. Son regard se dirigeait vers une des fenêtres voisines, d’où s’échappait une clarté voilée. La jeune femme s’avança encore, et se trouva au seuil du cabinet de travail de Christian.

Une forte lampe garnie d’un abat-jour de soie verte éclairait une partie de la grande pièce décorée avec une noble somptuosité. Près du bureau, le dogue Attila était étendu. Il leva la tête et, reconnaissant Mitsi, vint à elle, d’un pas majestueux.

Elle caressa la tête du puissant animal, distraitement. Toute son attention se portait sur cette pièce vide, ou les objets eux-mêmes semblaient attendre le maître. Puis, en hésitant, elle avança…

Une légère odeur de tabac flottait dans l’atmosphère. Sur le bureau un volume était entr’ouvert, les lettres arrivées par le dernier courrier emplissaient un plateau. Plusieurs cigarettes à demi consumées s’amoncelaient dans le cendrier d’or niellé… Mitsi se souvint d’avoir entendu un jour Christian dire à Mme Vannier :

— Oh ! moi, je ne deviens un grand fumeur que lorsque des soucis m’obsèdent. Alors, c’est effrayant.

Elle soupira, le cœur gonflé de remords. Son pas léger foula le tapis de haute laine, s’enfonça dans une peau de tigre. Elle s’assit en un grand fauteuil au chien qui l’avait suivie :

— Nous allons attendre le maître, Attila.

L’énorme bête se coucha à ses pieds. Mitsi ferma les yeux. Fatiguée déjà, elle ne pouvait qu’éprouver une grande lassitude à la suite de l’émotion provoquée par son entretien avec Svengred. Aussi, l’absolu silence aidant, tomba-t-elle bientôt en une sorte de somnolence.

Quand, peu après, Christian ouvrit la porte, il crut d’abord rêver. Mitsi… était-ce Mitsi ?… chez lui ?

Au bruit de la porte, la jeune femme avait soulevé