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de dîner, à revêtir une robe d’intérieur. Puis Mitsi renvoya la dévouée servante en disant :

— Allez vite vous coucher, ma bonne Marthe ; je n’ai plus besoin de vous.

Quand la femme de chambre eut disparu, Mitsi passa dans le salon qui avait été autrefois la pièce de prédilection du petit Jacques. Elle était décorée de délicates boiseries du xviiie siècle, et Christian y avait fait disposer un authentique et admirable mobilier de la même époque. Tous les détails de cet arrangement avaient été étudiés par lui, avec l’exigence d’un homme très épris doublé d’un homme de goût. Mais l’indifférence, seule, avait répondu à ce désir de donner à Mitsi un cadre digne de sa beauté, à cet ardent souci de lui plaire, de conquérir son cœur farouche.

Elle s’arrêta au milieu de la pièce. Des glaces lui renvoyaient son image. Elle se vit, svelte, souple dans la robe de soie blanche rayée d’argent, aux longs plis flottants retenus à la taille par une ceinture de velours bleu de roi. Et elle ne se reconnut pas en cette jeune femme au visage rosé, aux yeux brillants, au sourire de bonheur.

S’approchant d’un meuble, elle prit un écrin d’où elle sortit la bague de fiançailles. Quand elle l’eut mise à son doigt, un soupir gonfla sa poitrine, l’ombre, de nouveau, parut sur son regard. Mais elle secoua la tête, en murmurant énergiquement :

— Non, non, je ne veux plus douter !… Svengred a raison, j’allais contre mon devoir. Si Christian me fait souffrir plus tard. Dieu me donnera la force de porter cette épreuve. Car c’est mal d’avoir trop peur de la vie.

Elle se rapprocha d’une des portes vitrées ouvertes sur la terrasse. L’air était tiède encore, en cette soirée de septembre. Mitsi fit quelques pas sur le sol