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à lui sans peur ; c’est votre devoir, et ce sera la fin de cette détresse, de ces souffrances que vous vous imposiez, petite âme méfiante en qui subsiste, sans que vous en ayez conscience, un peu de rancune du passé.

Un sourire — presque le sourire de l’ancienne Mitsi — entr’ouvrit les lèvres de la jeune femme.

— Peut-être avez-vous raison. Mais sincèrement, je ne m’en rendais pas compte. Maintenant, c’est fini…

Ses yeux brillaient d’une joie contenue. Pendant un moment, ils se détournèrent de Svengred, se plongèrent dans la nuit des jardins d’où montaient des parfums légers. Puis, les ramenant sur le Suédois, Mitsi dit avec une chaude douceur :

— Je vous remercie, mon ami.

Sa main, un peu fiévreuse, serra celle du jeune homme. Svengred se courba, mit un discret baiser, sur ces doigts délicats. Puis il s’éloigna, calme en apparence, et si terriblement ému au fond de son âme, agitée par les derniers remous de son chevaleresque amour. Près de la porte du salon, il se détourna. Mitsi n’avait pas bougé, mais de nouveau elle regardait les ténèbres, la tête un peu penchée, le visage palpitant, les mains jointes sur sa robe blanche. Svengred songea : « Elle l’attend ! » Et se détournant, il sortit, emportant cette vision d’une joie qui était son œuvre.

Au bout d’un long moment, Mitsi s’évada du songe qui l’entraînait vers d’éblouissants horizons. Elle passa la main sur son front, fit quelques pas sur la terrasse et murmura :

— Comme il tarde !

Puis, après un instant de réflexion, elle se dirigea vers son appartement.

Marthe l’attendait. Elle l’aida à quitter sa toilette