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salon, un domestique vint prévenir M. de Tarlay qu’un homme arrivait des forges, lui apportant un message. Christian s’éloigna et revint peu après, en annonçant qu’un accident venait de se produire, et qu’il lui fallait se rendre aux forges, l’ingénieur chargé de la direction se trouvant en congé.

— Il n’y a pas de blessés ? demanda Mitsi avec inquiétude.

— Si, un ouvrier a été atteint, mais légèrement. Les dégâts matériels sont considérables, paraît-il ; mais cela n’a qu’une importance secondaire… Je pars à l’instant. Peut-être rentrerai-je un peu tard. En tout cas, je te dis bonsoir, mon cher Olaüs.

Ils se serrèrent cordialement la main. Puis Christian se tourna vers sa femme :

— Vous devriez demander à Svengred un peu de musique, Mitsi. Je suis certain que vous goûterez son talent… À demain.

Il s’inclina sur la main que lui tendait la jeune femme et l’effleura de ses lèvres. Puis il s’éloigna… Et Svengred, qui regardait discrètement Mitsi, vit qu’elle le suivait des yeux, à l’ombre de ses cils baissés.

— Voyons, qu’allez-vous me jouer, monsieur ?

Elle se tournait vers le jeune Suédois, avec un sourire léger, un peu contraint.

— … Christian m’a dit que vous interprétiez admirablement Mozart. Or, je sais qu’il est très difficile en musique… Jouez-moi donc du Mozart, voulez-vous ?

— Tout ce qui vous sera agréable, madame.

Tandis qu’il se dirigeait vers le piano, elle fit quelques pas à travers la pièce, avec un air distrait, absorbé. Puis elle s’approcha d’une des portes-fenêtres, prit au passage une rose dans une jardinière et s’arrêta au seuil de la terrasse, en s’appuyant légèrement au vitrage.