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sorte qu’on ne s’aperçoive pas que vous êtes ici.

Pauvre Mitsi, elle ne demandait que cela : passer inaperçue. Mais il lui fallut ce jour-là subir la curiosité des domestiques, avec lesquels la présidente avait décrété qu’elle prendrait ses repas. Encore n’était-ce que le personnel secondaire, l’autre — premiers valets et femmes de chambre, premiers cochers et autres importants personnages de cette catégorie — faisant bande à part du menu fretin.

La timidité un peu farouche de Mitsi fut prise aussitôt pour de la fierté. Une jeune et très élégante femme de chambre se moqua de ses gros souliers, de ses bas épais, de sa vieille robe mal faite. Une autre, grande fille pâle, aux yeux tristes, prit la défense de l’enfant.

— Laissez-la donc, Adrienne. Ce n’est pas sa faute si elle est pauvrement mise, cette petite.

Adrienne haussa les épaules.

— Eh bien, quoi, on ne peut plus s’amuser ?… Toujours prêcheuse, Marthe !… Tenez, regardez-moi donc quel air fiérot elle prend, cette petite mendiante !

Les autres se mirent à rire. Seule, Marthe considéra avec un intérêt compatissant la petite fille qui rougissait, en essayant de faire bonne contenance.

Dans la journée du lendemain, quatre hôtes arrivèrent au Château Rose. C’étaient des jeunes gens amis de Christian : Ludovic Nautier, fils d’un peintre en renom, Thibaud de Montrée, Alban des Sarcettes et Olaüs Svengred, un Suédois qui avait été le plus intime camarade d’enfance de M. de Tarlay.

Ils venaient passer deux ou trois semaines à Rivalles, dont l’hospitalité fastueuse était bien connue et les chasses renommées dans toute la haute société européenne.

Puis, la semaine suivante, arriveraient d’autres