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Ces mots passèrent entre les dents de Christian, avec une intonation d’impatience douloureuse.

Olaüs ne répliqua rien et il ne fut plus question de Mitsi entre les deux amis.

Svengred ne revit la jeune femme qu’un peu avant le dîner. Elle entra silencieusement dans le salon où Christian et son hôte s’entretenaient de récents événements politiques. Avec sa robe de crêpe blanc, d’une très discrète élégance, avec ses cheveux bouclés autour de son front blanc, elle avait l’air d’une toute jeune fille. Aucun bijou ne se voyait autour de son cou délicat, de ses fins poignets, et ses charmants petits doigts fuselés ne portaient d’autre bague que l’anneau de mariage.

Svengred, jetant à ce moment un coup d’œil sur son ami, le vit détourner son regard de la ravissante apparition, tandis que sa main se crispait sur un volume placé près de lui.

Mitsi parla peu, pendant le dîner. Elle semblait réellement très fatiguée — ou très absorbée par une peine morale. Cependant, pendant un moment, elle reprit sa physionomie d’autrefois. Il était question des améliorations que Christian voulait apporter à l’installation des forges. Svengred lui fit observer que le logement des ouvriers demandait aussi de sérieuses réformes. Mitsi, alors, approuva chaleureusement, et sous l’empire des sentiments généreux, compatissants de l’âme éprise de justice et de bonté, la physionomie fermée s’anima, les beaux yeux retrouvèrent leur chaude lumière et redevinrent « les yeux de feu » qui, autrefois déjà, avaient si vivement frappé M. de Tarlay en Mitsi enfant.

Mais soudainement, voyant fixé sur elle le regard ardent de Christian, la jeune femme rougit, baissa les paupières et ne parla plus.

Comme les châtelains et leur hôte revenaient au