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en une attitude défensive — comme si, toujours, la scène du pavillon s’interposait entre elle et lui.

Pourtant, comme il l’aimait, chaque jour plus ardemment, sa jolie Mitsi, sa cruelle petite fiancée ! Oui, comme il fallait qu’il l’aimât, cet orgueilleux, cet homme accoutumé à tous les hommages, à toutes les complaisances, pour supporter une situation si pénible à son amour-propre et à son cœur !

Huit jours après la première rencontre des fiancés, le mariage fut célébré dans la chapelle d’un couvent voisin de l’hôtel de Tarlay. Une assistance restreinte, mais des plus choisies, put admirer le couple parfait que formaient M. de Tarlay et Mitsi. Mais la jeune mariée, sous le voile de point d’Alençon, paraissait d’une telle pâleur qu’on se demandait si elle n’allait pas se trouver mal avant la fin de la cérémonie.

Cependant, il n’en fut rien. Mitsi assista même au somptueux déjeuner qui eut lieu à l’hôtel de Tarlay, s’entretint gracieusement avec les invités aussitôt pris à son charme. Puis elle disparut, et quand Christian, ayant changé de tenue, la rejoignit dans son petit salon, il la trouva en costume de voyage, disant adieu à Mme Vannier qui finissait de remplir près d’elle son rôle maternel.

M. de Tarlay avait demandé à sa fiancée :

Voulez-vous que nous fassions dès maintenant un voyage ?… Ou bien, comme votre santé n’est pas fort remise encore, aimez-vous mieux que nous passions l’automne à Rivalles, et que nous partions ensuite pour la Riviera, où nous resterons plusieurs mois d’hiver ?

Elle avait répondu avec son air de tranquille indifférence :

— Allons à Rivalles, si vous le voulez. Je sais que vous avez affaire aux forges, en ce moment. Quant à