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Il dit à mi-voix, en essayant encore de rencontrer ce regard qu’elle tenait obstinément baissé :

— Avez-vous froid, chère Mitsi ?

— Non, je vous remercie.

— Dites-moi vous-même que vous m’avez pardonné !

Il la regardait avec une supplication passionnée. Du même accent indifférent, sans lever les yeux sur lui, elle répondit :

— Mais oui, je vous ai pardonné, parce que c’était mon devoir.

— Pour cela, seulement ?… Oh ! Mitsi, serait-il possible que vous ne fussiez pas touchée par mes regrets, par mon amour ?

Il saisissait la petite main froide et y appuyait ses lèvres ardentes. Mitsi ne fit pas un mouvement pour la retirer… mais en relevant les yeux, il la vit très pâle, les paupières fermées, la tête inclinée comme si elle perdait connaissance.

Il se pencha vers elle en demandant anxieusement :

— Qu’avez-vous, ma chérie ?… ma pauvre petite Mitsi !

Comme elle ne répondait pas et restait immobile, il courut appeler Mme Vannier. Ce malaise fut de courte durée, mais quand Mitsi, ayant pris congé de Christian, quitta le salon au bras de sa parente, elle restait toute pâle, avec un regard sombre et anxieux qui frappa M. de Tarlay.

« Pourvu que sa santé ne soit pas irrémédiablement atteinte ! » songea-t-il avec angoisse.

Mitsi, très souffrante le lendemain, ne put le recevoir. Il la revit les jours suivants, toujours la même, toujours énigmatique et froide. Maintenant, dans les moments où il se trouvait seul avec elle, il n’osait plus parler d’amour à ce petit sphinx aux yeux mi-clos, à cette enfant étrange, aussitôt raidie