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présenta sa main. Il se courba, y appuya doucement ses lèvres… Et il sentit alors qu’elle se raidissait pour ne pas la lui retirer.

Pendant toute la soirée, elle conserva cette même attitude rigide, ce même air fermé, indifférent, qu’elle avait eu cet après-midi en le revoyant. Cependant, elle se mêlait à la conversation, mais dès qu’elle le pouvait sans impolitesse, elle gardait le silence, tenant ses paupières demi-baissées, comme si elle craignait de rencontrer le regard de Christian, — ce regard brûlant, inquiet, qui ne la quittait pas.

Combien il la trouvait charmante, cette petite Mitsi, même avec ce visage aminci, pâli par la maladie, qui faisait paraître plus grands, plus profonds les beaux yeux dont le feu s’était éteint, remplacé par une séduisante langueur et des ombres mystérieuses qu’il n’avait pas connues en ceux de la Mitsi d’autrefois ! Quel charme délicat dans son allure, dans le moindre de ses mouvements !… Mais comme elle était cruelle, cette enfant si chère, de lui tenir ainsi rigueur, de lui refuser le sourire enivrant de ses lèvres frémissantes, la caresse de son regard qu’il avait vu si tendre pour le petit Jacques !

Vers le milieu de la soirée, sous le prétexte de donner un ordre à sa femme de chambre, Mme Vannier s’éclipsa discrètement pour laisser un instant les fiancés en tête à tête. Mitsi, avec un air de lassitude, appuyait sa tête au dossier d’une bergère. La lumière des bougies qui garnissaient les candélabres de bronze éclairait son visage délicat, son cou fin, d’une blancheur mate, qu’entourait un ruban de velours noir auquel pendait un médaillon d’or émaillé, récent cadeau de Mme Vannier… Christian, quittant son fauteuil, vint s’asseoir près d’elle et prit sa main, qu’elle lui abandonna, toute glacée.